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La Genèse

mercredi 16 septembre 2009
Finlande (n.f): contrée nordique aux blancs paysages et blonds personnages.

La légende disait donc vraie. Mais quelle légende ? A la seule évocation de ce pays, le bon habitant du monde n’énumèrera que trois choses : le Père Noël, le froid et les blonds. Les plus modernes y ajouteront Nokia, les plus sportifs les pilotes automobiles. Ce grand pays aux lacs immenses et aux forêts omniprésentes n’attire pas l’attention du reste du monde pour la seule raison qu’il est au reflet de ses habitants. Ils n’aiment pas se mettre en avant et évitent d’engager la conversation. Ce pays en question, c’est la Finlande. Et ici commence pour moi un nouveau chapitre.
Tout à commencé à Bielefeld, Allemagne. Septembre venait d’éclore, le temps était à l’orage, et je parcourais cette ville qui serait mon cadre de vie et d’études pour au moins une année avec ces personnes que je venais de rencontrer. Tous étaient blonds, tous avaient un téléphone Nokia dans la poche, tous étaient finlandais. Comment me suis-je retrouvé avec eux plutôt qu’avec d’autres, je ne saurais le dire. Une sorte d’attraction me poussait vers eux, m’obligeait à les questionner sur leur pays, à leur demander des traductions de mots improbables en finnois. Je ne savais alors pas que je ne pourrais m’en défaire pour la durée de mon séjour. Au fil des arrivées de nouveaux étudiants, je rencontrais plus de blonds, apprenais plus de mots, me faisais plus d’amis. J’apprenais à les cerner, à les comprendre, eux et leur culture, eux qui auraient donné un bras pour rentrer dans un sauna. Je pensais alors qu’ils exagéraient, mais non. Ils auraient vraiment donné un bras (voire plus) pour un sauna. Nous y reviendrons plus tard. La fin des études arriva, je me posais des questions concernant mon avenir, lorsque je me mis en tête et en quête d’un emploi en Finlande. J’arrosais les entreprises locales de CV mais ne recevait en réponse qu’un mail commençant par « Malheureusement » et se finissant par des vœux de bonne chance dans la poursuite de ma recherche. Seule lumière au tableau, un entretien d’embauche à Tampere pour une entreprise d’isolation. Sans plus de succès. J’étais revenu de cet entretien d’embauche en Finlande depuis quelques jours lorsque je la rencontrais. Elle était là, seule, adossée à la cuisine de la personne qui organisait cette fête, et je décidais de tenter ma chance. Elle, Viivi. Moi, gêné. Si un jour vous êtes amenés à faire la cour avec une finlandaise, sachez que la patience prime. De la délicatesse Messieurs, de la délicatesse ! Je compare toujours les finlandaises à un iceberg. Laissez le pieu de côté, et optez pour un marteau et une pointe. La brutalité n’aura raison de ce bloc de glace. Ce que j’essaye de vous faire comprendre au travers de cette métaphore, c’est que les finlandaises ont besoin de se sentir à l’aise avant de vraiment commencer à participer à la conversation. Vos questions trouveront réponses, mais vos réponses ne rencontreront aucunes questions. La pudicité est de rigueur. On n’engage pas la conversation avec un étranger. Sauf après deux grammes du matin. Ma patience eut raison de sa distance, et nous sommes aujourd’hui heureux. Une année passa encore, mon travail m’emmena vers Francfort, ses études la ramenèrent en Finlande. Nous survécûmes au temps et aux kilomètres et à aucun moment je ne perdais mon objectif de vue : la Finlande.
Par quatre fois en deux ans j’avais foulé le sol finlandais. La cinquième allait être la bonne. En ce matin de mars à l’aéroport de Francfort, l’excitation et la joie étaient de prime, du moins jusqu’à ce que l’hôtesse ne pèse mes valises. Délesté de 500 euros, d’une partie de mon excitation et de ma joie, je montais dans l’avion qui m’emmenait vers cette destination dont j’avais rêvé tant de fois, et vers Viivi, qui m’attendait là-bas. Une fois au-dessus des nuages, je pensais à la dernière semaine qui venait de s’écouler : une offre d’emploi sur Internet. Un coup de fil. Un CV. Le lendemain matin, mon téléphone sonnait et au terme de vingt minutes d’échanges, on m’annonçait que je n’avais plus besoin de chercher un emploi. Incroyable dénouement. Inattendu. Surprenant. Je n’y croyais pas. J’avais réussi.

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